Pollen, le projet d’une part de vie

Construire un bateau et voyager, ce fut d’abord le rêve du petit garçon.

A l’adolescence, ce rêve de Guy Bartholomé sommeillait, mais il était bien ancré . Avec passion il s’est mis à dévorer les livres de ces grands marins qui ont entraîné beaucoup de jeunes dans leur sillage : Bernard Moitessier, Alain Gerbault, Michka, Patrick Van God, Annie Van de Wiele, Nicole Van de Kerchove et bien d’autres…

Le parcours de Guy sera accompagné d’une grande ténacité :

« Pour passer du rêve à la concrétisation, j’écrivis une longue lettre pathétique au directeur d’un centre nautique de la Communauté française de Belgique qui me conseilla judicieusement des stages de dériveur. Ce que je fis jusqu’à l’obtention du brevet élémentaire. Je cherchai alors des embarquements en Mer du Nord comme équipier. La première journée de la première croisière me cloua sur ma couchette. Je n’émergerai qu’une fois à quai. Ce fut ma première expérience du mal de mer et des mers cassées des bancs de sable de la Manche.

Mais le rêve était tenace et j’ai continué durant les week-ends et congés scolaires à naviguer dans différents clubs francophones belges jusqu’à devenir moniteur et chargé de cours navigation dans un club de la Ligue Francophone de Yachting Belge. Cela me permettait de naviguer à peu de frais ».

Un diplôme d’instituteur en poche, et après son service militaire Guy Bartholomé revient à la mer en skipper professionnel  et fait un bout de route ans le cadre d’un projet pilote de réinsertion, emmenant  des jeunes en difficultés dans des croisières musclées mais aussi des touristes dans les îles grecques, en Corse, en Turquie…

L’achat d’un dériveur intégral de 9,50m, que d’ailleurs il revendra 4 ans plus tard, n’apportera à Guy qu’un plaisir limité :

« j’avais soif d’autre chose.  Je n’avais pas encore les moyens de ce rêve. Je le préparais. J’étais depuis longtemps un fervent lecteur de Loisirs Nautiques et suivais toutes les semaines 6 heures de cours de soudure. Chose que j’ai faite durant 3 ans sans trop oser dire autour de moi que je le faisais dans l’intention de construire un bateau, mon bateau »

Quelques années plus tard les idées vont prendre une autre signification :
« A 46 ans, après bien des détours, j’ai enfin compris que ce rêve est avant tout le besoin d’aller à la découverte de moi-même au travers des autres, la quête d’un art de vivre plus authentique et plus en accord avec mes besoins profonds, un moyen de gagner la liberté d’ETRE.

Et le projet prend formeG.BARTHOLOME DEBUT DE POLLEN

« J’ai douté durant 2 ans, alors qu’il y avait déjà une coque bien avancée, construite de mes mains, dans un hangar.
La crise de la quarantaine ? J’ai du chercher, gratter douloureusement mes couches d’égo pour aller aux sources de ma motivation, comprendre la psycho-toxicité de nos sociétés et des modes de vie qu’on nous impose… La lecture d’Erich Fromm et d’Ivan Illich furent des révélateurs… mais aussi la relecture de « La longue route » de Bernard Moitessier  »

Une longue réflexion de deux ans va conforter le choix et les intuitions de l’adolescent :

« je choisis la mer, le bateau, le voyage en bateau  »

Et pour quelques unes des multiples raisons que nous présentent le skipper :

 » parce qu’en mer on retrouve un mode de vie simple presqu’originel faits de plaisirs et de besoins sobres… parce que la mer est encore un des rares espaces de liberté sur cette planète…et qu’au bout du voyage qu’il dure deux heures, un jour, deux jours, deux semaines, une terre surgira à l’horizon. Une terre, des hommes à découvrir, à approcher… un nouveau défi

« parce que sur un bateau on ne peut pas faire semblant : on sait ou on ne sait pas, on est ou on n’est pas… » une réflexion qui serait bien de Tabarly
parce que le ciel et la mer nous rendent infiniment petit et infiniment responsable…et parce que j’ai envie de prendre le temps de lire, de penser, de regarder, de découvrir, de prendre ou de reprendre possession de ma vie…Et parce que j’ai envie de redécouvrir le goût et la satisfaction de mes actions, d’être en prise directe avec mes besoins, ma réalité : manger le pain fait de ses mains ou le poisson pêcher avec sa ligne « …

A la quête d’une autre forme de voyage ?
J’ai également compris que simplement voyager n’était pas suffisant, qu’il me fallait faire quelque chose de plus, qu’il me fallait faire naître quelque chose  quelque part, comme le fait un grain de pollen. »

Le regard philosophe de GuyG-BARTHOLOME

Ce grain de pollen, je voudrais qu’il stimule chez les jeunes et moins jeunes une culture de l’audace, le cran de faire en sorte que leur vie soit en accord avec leur être, leurs propres rêves, leurs besoins profonds. Leur susurrer que le chemin que je viens à peine d’entr’apercevoir est à trouver dans l’ « Etre » pas dans l’ « Avoir ».

Aujourd’hui Guy Bartholomé s’est investi dans un beau projet au nom de Pollen

« Le Pollen naviguera à la rencontre de ceux, enfants et adultes, qui s’efforcent de donner vie à leurs rêves. Je voudrais mettre à leur disposition les moyens de « se raconter » au travers de la vidéo, d’écrire sur la bande magnétique leur histoire de vie,  leurs rêves, leurs aspirations, leurs priorités, ce en quoi consiste leur bonheur… Je n’ai pas envie de filmer ce que je vois, j’ai envie de filmer pour mieux voir, sentir et comprendre! »

Des reportages qui seront présentées aux escales et dans des écoles aussi bien aux enfants qu’aux adultes dans une  » dynamique d’échange  afin de valoriser et soutenir des initiatives porteuses d’espoir ».

Concrètement qu’en sera t-il ?

« Les voyages du Pollen se feront probablement à temps partiel: environ 13 mois de navigation pour 11 mois au pays, consacrés à la préparation et au financement du prochain voyage ainsi qu’à la présentation des films réalisés sous forme de ciné-conférences.

L’intérêt du voyage n’est pas le départ, mais le retour: le moment de la confrontation entre la culture découverte avec sa propre culture ».
« …Le premier voyage aura pour destination la Méditerranée afin de faire les dernières mises au point du Pollen à proximité de la technologie et profiter de quelques endroits où je suis passé trop vite lors de mes voyages en tant que skipper professionnel.  Et puis, je rêve du Pacifique, et de ses des îles, une vie à la Robinson et toujours à la rencontre d’autres culture »

La construction du bateauG.BARTHOLOME VOILIER  EN CONSTRUCTION

« Avec un cahier des charges sous le bras et mes timides ébauches de solutions techniques, je suis allé voir Jean-Pierre Brouns chez lui, en Ardèche. Il a accepté de dessiner le Pollen, et tout en me laissant participer à la conception, il a fallu «négocier» avec un cahier des charges exigeant, avec des souhaits contradictoires et évoluant au fur et à mesure de nos réflexions ».

« Après avoir navigué sur de nombreux bateaux différents, on commence doucement par se faire une idée du bateau idéal.
Pourtant, coucher sur le papier les caractéristiques du bateau de ses rêves est une chose extrêmement difficile. Cela nécessite une introspection, un travail sur soi-même pour savoir qui on est, ce qu’on veut être, comment on vit, comment on voudrait vivre. A cette dimension très personnelle s’ajoute évidemment de nombreuses contraintes techniques et bien sûr financières »

Acheter un plan tout fait ou même un bateau d’occasion et j’amputais mon projet.

J’aurais pu faire construire une coque par un chantier professionnel, mais… c’était et c’est hors de portée de mes moyens financiers… et quelque part, cela m’arrangeait bien.

Le tout est peut-être de choisir le bon architecte.

Jean-Pierre Brouns m’a bien rappelé que la conception d’un bateau est avant tout une histoire de compromis. Le bateau idéal n’existe pas ! Seuls existent des bateaux adaptés à leur programme …et à ceux qui les rêvent.

«Toute invention ou création est faite d’éléments qui existent dans la nature et la nouveauté n’est que dans leur assemblage. Même chose pour les grandes théories.»

Naissance de Pollen :

Un bateau de voyage comme envisagé par ses concepteurs : confortable, ,rassurant,, écologique, «Facile» et «rapide» à construire en amateur.

Nos réflexions et le talent de Jean-Pierre Brouns ont fait naitre un voilier de 10m à quilles latérales en aluminium épais.
Nous l’avons voulu « hors des modes », dépouillé, fonctionnel, rassurant, sans excès, fiable, et, en plus, … avec une « bonne bouille ».

Pour en savoir plus :

http://www.brouns.fr/doc/Pollen%2010.10%20-%20presentation.pdf

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    7 réponses à Pollen, le projet d’une part de vie

    1. Philippe dit :

      Comme vous, j’ai fait le rêve de construire un bateau puis de naviguer en lisant Gerbault, Moitessier et les autres. Ce que vous faites est formidable : vous réaliser mon rêve et celui de beaucoup d’autres, bravo !

    2. Guy dit :

      Merci Philippe pour ce sympathique et encourageant message !

    3. Gu Bragh dit :

      Bravo Guy pour ce beau projet (que nous suivons d’ailleurs de temps en temps sur la toile, via FaceBook). Nous avons fait le choix de partir, l’idée de construire nous a traversé l’esprit (j’ai commencé par en dessiner un, et l’énormité de la tache voir le peu de chances d’aboutir à son financement nous ont poussé vers une petite unité d’occasion). Peut-être un de ces jours croisera-t-on nos sillages? Bonne chance dans l’aboutissement de ce beau rêve.

      L’équipage de Gu Bragh.

    4. Guuy dit :

      Merci.. C’est le genre de message qui re-motive lorsque l’hiver rend la tôle plutôt froide…

    5. Ftouh dit :

      Bravo Guy

      Hajar Saint Dominique

    6. Jack dit :

      Vous ai rencontré ce Jeudi matin, entre le bateau & le « fritkot ».
      Evidemment très concerné, vu mon intérêt pour la chose marine & la nature dans son éco, psycho équilibre. Bien sûr, passer du concept à la finalité en alliant esprit & toucher de la matière, c’est le « top »; Le résultat est encore loin: Assiduité, persévérance & pas mal de courage sont les mamelles du succès que je souhaite de tout coeur au projet Pollen.
      A bientôt Jack

    7. Sabatier Thierry dit :

      Bonjour,

      Je découvre aujourd’hui l’historique du projet et le point de vue de Guy auquel j’adhère complètement à tel point que j’ai eu l’impression de me lire…
      À 46 ans… je suis dans la même optique …
      Et souhaiterai rencontrer les repreneurs du Flambeau!
      Cordialement
      Thierry

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